Gilbert DARTIGUENAVE1, restaurateur bien connu du pays chalossais, fait partie de ces rares français que les dernières révélations du magazine Closer, dont bon nombre de nos confrères se sont malheureusement fait les gorges chaudes, n’ont en rien ébranlé.
Une fois le contact établi avec notre rédaction, il nous raconte avec truculence, devant un généreux confit-frites, les circonstances rocambolesques qui ont fait de lui un témoin aussi privilégié qu’involontaire des tourments que subit notre bien-aimée République.
« Ca s’est passé l’été dernier, un peu après le 14 juillet pendant lequel le président s’était fait malmener en début de cortège. Alors que notre terrasse était bien garnie, j’ai vu arriver un couple en tracteur. Ce qui m’a surpris au départ, c’était de voir que le tracteur était conduit par un type assez robuste en costume-cravate et qu’une berline aux vitres foncées suivait de peu derrière.
Mais vous savez, dans la région, avec la spéculation sur les produits agricoles, certains bas de laine se sont remplis aussi vite qu’une bodega un soir de feria. Plutôt que de me poser trop de questions, j’ai préféré servir ce couple sympathique qui s’est régalé à notre table. Je me souviens avoir resservi trois parts de pastis en dessert au monsieur ».
Malgré le semestre écoulé depuis, notre chef se souvient en détail de ces visiteurs un rien iconoclastes : « mon restaurant est un peu à l’écart de la route de la Côte basque et de l’Espagne, donc j’ai surtout des clients que je connais bien et qui font un petit détour pour goûter les gibiers qui se font rares à Paris ! Les VIP, d’habitude, on les retrouve plutôt devant des plateaux de fruits de mer à Capbreton ou Hossegor ! J’entendais d’autres clients chuchoter aux tables voisines. J’ai choisi de vérifier la carte bleue du monsieur au moment où il a payé. Celle-ci était au nom de Philippe Belgique, alors je ne me suis pas méfié ».
Les photos volées du paparazzi lui ont finalement permis d’assembler les pièces du puzzle : « quand je suis parti acheter « Sud ou Est » samedi, Guy (le buraliste) m’a dit de jeter un œil à la revue. En feuilletant les pages, j’ai reconnu immédiatement le chauffeur du tracteur (NDLR : le garde du corps de monsieur le président) et en y regardant bien, le visage de la jeune fille blonde m’est progressivement revenu. Pour finir, j’ai compris que l’homme du couple n’était autre que notre président, dont le bronzage et les dreadlocks factices m’avaient induit en erreur. C’est qu’il est rusé le papé !».
L’anecdote a fait grand bruit au village. Raymond et Lucien, que le froid de ces derniers jours n’a pas découragés, se montrent amusés alors que la partie de pétanque bat son plein : « le Gilbert1, maintenant, il peut mettre du Flanby en dessert du jour ! » plaisante le premier. Malgré les 46 et 52 ans de mariage qui les unissent à Pierrette et Henriette, ils se font forts de ne pas désacraliser la fonction présidentielle et surtout de ne pas juger des mœurs que d’aucuns qualifient de volages. « Elle est plutôt mignonne la pitchoune et puis la Valérie, elle a l’air un peu cansounayre. Mais hilh de pute, il a pas besoin qu’on vienne lui chatouiller les naseaux avec ça le Fanfan ! ».
Puisse la profession l’entendre !
De notre correspondant, André SALLAFRANQUE.
1 L’identité du témoin a été modifiée