« Réconcilier SOCRATE et picrate, KANT et KANTERBRAÜ ». Voilà la tâche d’une noblesse infinie à laquelle se livre une profession ancestrale mais toujours vivace dans nos contrées : celle de philosophe de comptoir. Une race de seigneurs, capables clouer le bec aux élites parisiennes qui font halte dans nos bistrots.
Essentiellement masculin (la gent féminine prise peu la profession), ce corps d’exception compte deux écoles, si l’on en croit Pepito ESPITALIER, conseiller Pôle Emploi à l’agence de MONT-DE-MARSAN (40) qui référence cette population spécifique: les véhéments et les taiseux.
Les premiers, adeptes d’une dialectique toute socratique, et généralement consommateurs de liqueurs anisées, sont connus pour s’emporter devant l’écran de télévision du bar sur lequel défilent les nouvelles du jour. Volontiers provocateurs, ils ont coutume de monopoliser la parole. Leurs longs développements empruntent à la sagesse populaire et aux grands auteurs. Morceaux choisis : « C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule ! Boire ou conduire : on s’en fout on a plus de quoi se payer des bagnoles ! ».
Les taiseux, eux, plus proches du Surhomme cher à Nietzsche, représentent une caste à part. Amateurs de ballons de rouge et autres Picon-bière, ces artistes du verbe sont souvent terrés au fond des bistrots et n’interviennent que tard dans la soirée, tels des moteurs diesel. Rien à voir avec BHL et autres Raphaël ENTHOVEN. Les mots sont précieux, pesés; l’œil, bien que vitreux, laisse deviner une malice profonde, les formules lapidaires résonnent : « Tous pourris ! Hilh de pute ! Mort aux cons ! ».
Enthousiaste, le conseiller nous vante les avantages du métier : la formation se fait essentiellement sur le tas mais demande une présence assidue. Jeannot LOUBERY, figure historique du “Bar des Sportifs” de PEYREHORADE (40) nous raconte : « Tout petit, mon père m’emmenait déjà au bar-tabac et me laissait sur place quand il partait à la chasse. Lucienne, la patronne, m’a fait goûter le floc de Gascogne à 9 ans ».
Seuls points noirs au tableau : une espérance de vie et une rémunération souvent limitées alors que la fiscalité sévère sur les vins et spiritueux grève parfois l’inspiration de ces virtuoses.
A retenir pour les parents stressés : rien de mieux que les bistrots pour assurer la réussite de vos enfants au baccalauréat de philo !
De notre correspondant, ANDRE SALLAFRANQUE, en partenariat avec Pôle Travail.
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tout a fait exaque Môôôssieur j’en sui et j’peu vous dire kia d’koi dire et sur tous les sujets, mais attention ça reste entre nous….