«  Six semaines sans jambon ni sangria, ça va être un sacré ramadan, hilh de pute ! » s’exclame Sébastien¹, jeune trois-quarts du Stade montois (40). Sirotant un thé à la menthe à la buvette du Parc des Princes, il exhibe fièrement sa convocation au stage préparatoire de l’équipe du Qatar pour la coupe du monde de rugby 2015, reçue des mains du facteur.

Grisés par les succès de l’équipe de handball, battue seulement en finale par les intouchables Bleus, les dirigeants de la QRF (Qatar Rugby Federation – 67 licenciés), se démènent pour mettre en place une équipe compétitive. Quelques maoris néo-zélandais auraient déjà cédé aux sirènes, séduits par l’offre de tatouages au henné proposés gracieusement. Dialogue des civilisations et échanges culturels auraient ainsi eu raison de frontières au final essentiellement mentales et artificielles, si l’on en croit les recrues.

«  Hé bé té, c’est vrai que je baigne dans la culture qatarienne depuis ma plus tendre enfance. Avec les copains, on a toujours eu un faible pour le couscous et les bars à chichas, et ma mère écoutait en boucle le 45-tours “Mustapha” de Dario MORENO » se justifie Sébastien, semble-t-il peu au fait de la gastronomie et des coutumes du Golfe. « Sans le savoir, j’ai cultivé une identité bien plus qatarienne que française. L’an dernier, j’ai même mis une djellaba pour le bal costumé des pompiers ! ».

Les familles et l’entourage des 3 joueurs seraient à fond derrière eux. Ainsi, un dirigeant du club nous confie, mécontent des choix de Philippe SAINT-ANDRÉ : « de toutes façons, les pauvres drôles avaient aucune chance d’intégrer le Quinze de France, vu qu’ils sont nés dans l’hémisphère nord et qu’ils pèsent moins de 115kg »…

Le Qatar serait-il donc l’avenir du rugby français ? La question divise encore la rédaction de Sud-ou-Est…

De notre correspondant, André SALLAFRANQUE

1. Les prénoms ont été modifiés