Bien que le dépôt des candidatures officielles ait été clôturé depuis bientôt deux semaines, un mouvement encore mal identifié s’est invité tardivement dans la campagne des élections municipales de Bayonne (64). Rejetant tout système de participation démocratique, il appelle à l’établissement d’un régime monarchique et au retour de sa figure tutélaire « le bon Léon, roi de Bayonne ».
Afin de percer le mystère, Sud-ou-Est? a tenté d’ouvrir ses colonnes à Ion BEHOTEGUY (il s’agirait d’une identité d’emprunt), porte-parole de la composante armée du mouvement « Los borrachos de Euskadi » dont les motivations restent à ce jour encore incertaines. La démarche est restée sans suite, l’intéressé refusant, selon ses propres termes, de se confier à un « organe de presse réactionnaire et complice du jacobinisme doryphore (NDLR : du surnom peu flatteur dont sont affublés les voisins bordelais du Nord) ».
Un tract abandonné dans un bar du petit Bayonne permet cependant de disposer d’un aperçu de programme. Il fait état de l’extension de la célébrissime feria sur 1 mois et demi, prenant le relais des Sanfermines, fêtes de Pampelune, dès le 14 juillet avec la remise des clés par Léon à la jeunesse bayonnaise. Un encierro géant le matin et une cavalcade l’après-midi se substitueraient au traditionnel défilé des parachutistes stationnés dans la Citadelle, sur les hauteurs de la ville. Les festivités se prolongeraient jusqu’à la fin du mois d’août pour permettre ensuite aux joueurs de l’équipe fanion de préparer sereinement la reprise du top 14 et aux conseillers de Léon de préparer le budget de l’édition suivante.
Sur le plan des symboles, le chant folklorique « Hegoak » deviendrait l’hymne de la nouvelle monarchie. Enfin, la future devise de la jeune monarchie, « manger, c’est tricher », en dit un peu plus long sur les intentions animant ces révolutionnaires en herbe.
L’affaire pourrait prêter à sourire si des menaces d’attentat n’étaient pas parvenues jusque sur le bureau du commissaire divisionnaire ETCHEBURU. « Nous ferons couler la sangria si les usurpateurs, tels la dynastie Grenet, ou les sieurs ETCHEGARAY et ETCHETO, candidats du prochain scrutin, s’entêtent à briguer un trône qui revient de droit à notre souverain débonnaire ! ».
Plaisanterie de festayres un rien potaches ? Nouveau vent de colère contre le pouvoir central dans une ville qui avait réservé un accueil agité à Nicolas SARKOZY pendant sa campagne en 2012 ? Résurgence identitaire ? La police n’exclut à cet instant aucune hypothèse. Quelle qu’elle soit, il est à souhaiter que la voie des urnes dimanche soit l’occasion pour les Bayonnais de réaffirmer leur attachement aux modes d’expression républicains.
De notre correspondant, André SALLAFRANQUE