Le naming, remède à la périlleuse équation du rugby du sud ouest ? SAINT-SEVER sort du bois

Au volant d’un 4X4 rutilant, Jean-Pierre LOUBERY n’y va pas par 4 chemins : « le TOP 14 dans les six ans à venir ! ». Et rien ne fera reculer l’audacieux président du Sport Athlétique saint-séverin (SASS).

Fraîchement revenu de Sofia (BULGARIE), où notre homme a fait fortune dans un juteux commerce de foie gras de canard halal exporté à destination de la péninsule arabique, l’enfant du pays affiche une ambition claire : faire de son village l’une des places fortes du rugby français.

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Saint-Sever à la pointe de l’innovationn rugbystique

Son secret : le naming, pratique anglo-saxonne en pleine expansion dont il a saisi Jean-Pierre DALM, premier magistrat de la ville en plein conseil municipal. Devant une assemblée ébahie, Loulou, comme le surnomment affectueusement les anciens, n’a pas fait mystère du dessein qu’il prête à la commune. L’intéressé nous relate son magistral exposé :
« Je suis parti d’un constat simple : depuis plusieurs années, les clubs de rugby de la région ont du mal à faire face à l’envolée des salaires de joueurs devenus bien gourmands, là où, il y a 15 ans, tu faisais venir le meilleur avant de la région en échange d’une place au service espaces verts de la mairieEn plus les querelles de clocher ont rendu improbable toute fusion, que ce soit entre Dax et Mont-de-Marsan ou Biarritz et Bayonne ». Les récentes empoignades entre le lunetier AFFLELOU et Serge BLANCO confortent notre businessman.

« Alors, je pense qu’il est temps de lancer un club qui fédérera l’ensemble de l’identité gasconne et le SASS aura bientôt les infrastructures nécessaires ! »

La maquette de rénovation du vieux stade Louis LAFAURIE proposée au conseil ferait rougir les architectes les plus téméraires. « Nous avons prévu une capacité de 30.000 places avec toit et climatisation, buvette intégrée et bowling ». Les esprits chagrins pointant le risque environnemental ou le bilan énergétique du projet en seront pour leurs frais. « On n’est pas venus ici en culotte de choux pour se faire brouter le cul par des lapins ! » s’exclame Loulou, reprenant à son compte la formule du regretté LABEYRIE, édile de la métropole montoise toute proche.« Franchement, voir le bouclier de Brennus dans les bras d’auvergnats ou autres parisiens, ça commence à me bomber le pistil»

 

Franchement, voir le bouclier de Brennus dans les bras d’auvergnats ou autres parisiens, ça commence à me bomber le pistil. 

 

L’épineuse question du financement est balayée d’un revers de la main. « Le naming devrait nous permettre de financer le tout et même de recruter dans l’hémisphère sud ». Si à cet instant, seule la boulangerie CAZAUX et l’entreprise MAISADOUR se sont déclarées intéressées, Jean-Pierre LOUBERY conserve un joker dans sa manche. Des hommes d’affaires, tchétchènes semble-t-il, auraient été aperçus autour de la main courante du stade en compagnie d’une grande figure du cinéma français et d’un ancien sélectionneur du XV de France passé par les arcanes du pouvoir. Roué, Loulou n’en dira pas plus …

Il revient cependant sur le dernier argument qui pourrait le faire vaciller, celui de la toiture du stade pour un sport cultivant les vertus du grand air. « Avec le changement climatique, on ne sait plus où donner de la tête. J’ai l’habitude de passer mes vacances en famille à Center Parc et, là-bas, on n’est jamais déçu. D’autre part, ça serait aussi une occasion de redonner ses lettres de noblesse au jeu de passe des trois-quarts. Si le toit est bien posé, les arrières réfléchiront à deux fois avant de taper des chandelles, car en tapant contre le toit, ils risquent bien de mettre leur équipe en difficulté ». On le voit, à sa détermination, Jean-Pierre LOUBERY sait ajouter des arguments chocs qui, souvent, remportent l’adhésion des citoyens saint-séverins.

Si le maire, à cet instant encore dubitatif, devait appeler son conseil municipal à voter le refus du projet, Loulou n’exclut pas une candidature aux élections à venir. « Un ami imprimeur m’a proposé gracieusement d’éditer 100.000 tracts à destination de nos concitoyens ». Là aussi, l’identité du généreux sponsor ne sera pas révélée.

 

L’avenir nous dira si la paisible bourgade est prête à emboîter le pas conquérant de Jean-Pierre. La décision, quelle qu’elle soit, sera probablement irréversible. Toujours prodigue de citations historique, l’entrepreneur termine en citant le glorieux arverne qui a donné son nom au plus beau trophée de l’Ovalie française : « Malheur aux vaincus ! ».

1 pensée sur “Le naming, remède à la périlleuse équation du rugby du sud ouest ? SAINT-SEVER sort du bois

  1. En un mot comme en cent, il en va de l’avenir des noirs et blancs. Au delà, c’est l’avenir de tout un territoire qui se joue dans cette fusion, que d’autres qualifieront d’OPA.
    Gageons que, concernant le naming, les communicants du semencier sauront tirer de leur chapeau les néologismes dont ils ont le secret. En la boulangerie Cazaux il faut y voir un signe fort de l’ancrage de ce club dans la citadelle. Rare sont désormais les anciens qui se souviennent des tours de manivelles d’André “le pétrisseur” Cazaux, boulanger la nuit, pilier au SASS le jour, de 1947 à 1972.

    Le joker, tout le monde l’aura compris, ce sont les folles rumeurs concernant le transfert de la gare LGV, initialement prévue aux portes de l’agglomération montoise, aux portes de la cité saint-sevérine. De l’aveu d’un dirigeant régional de Réseau Ferré de France “l’équation comporte encore de nombreuses inconnues”, mais les récents chiffres calamiteux de l’autoroute A65 ont largement été commentés, comme symbolisant les paradoxes de l’enclave montoise.

    Loin des rumeurs, des dessous de tables aux tapis verts, et ce malgré une jolie victoire sur Salies de Béarn, 10 à 3, le 19 janvier dernier, maintenant le SASS à la quatrième place, dans la roue des candidats au titre de champion de Fédérale 3, c’est aussi et surtout sur le plan sportif qu’un club trouve sa raison d’être, rencontre son public, faisant naître la magie collective. De celle qu’on retrouve, des fois, dans les envolées de 3/4 du SASS, quand à la baguette, Thomas Gouzy crée l’étincelle.

    Au soir de la victoire saint-sevérine, comme un défi aux lois de l’argent, qui semblent régir et façonner ce sport à son image, depuis le fenestrou ouvert des douches, d’où semblait fuir cette vapeur caractéristique, suintant le camphre, mêlé de bous et d’urine, le houblon et le paraben aromatisé, on entendait chanter:

    “Tchétchènes, tchétchènes, tchétchènes…Oh tiens le bien!”

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