Cette semaine : Antoine, au service de la France.
« Té, ça change des champs de maïs ! ». En contemplant les abords de la route principale qui traverse N’Djamena d’est en ouest, le jeune Antoine LATASTE oublie pour quelques instants la discipline et le langage militaire lapidaire qui font son quotidien.
Antoine, 20 ans, parachutiste de 1ère classe basé à Castres, est déployé dans la capitale tchadienne depuis 2 mois et surtout absent du foyer familial pisséen pour les fêtes pour la première fois depuis sa plus tendre enfance. Ses parents, Patrick et Chantal, qui tiennent le bar-tabac du centre-ville, n’en sont pas peu fiers. « Le drôle, il porte haut les couleurs du pays ! » se réjouit le père. Et la réception des cartes qu’il adresse par voie postale (le bar n’est pas encore relié à Internet) donne lieu à une lecture publique au cours de laquelle l’enthousiasme et l’admiration font bon ménage. Fernand, un verre de Suze à la main, nous narre son service militaire en Algérie et se félicite de voir l’enfant du pays servir une cause qu’il pense noble. « Nous, on avait pas le choix ! Moi à 18 ans, j’avais des gros bras depuis le temps que j’aidais mon père à la ferme. On m’a dit : t’as l’air solide pitchoun. Et hop, direction Toulon pour embarquer ensuite vers les colonies ! J’en suis pas très fier alors qu’Antoinou, il y va défendre les faibles ! ».
Le concert de louanges est unanime, y compris de la part de Vivian et Bébert (personne n’a été en mesure de nous fournir son patronyme réel), les copains d’Antoine restés dans la région comme apiculteur pour l’un et carrossier pour l’autre. « Antoine, déjà dans le bus scolaire, c’était le patron. Il entonnait souvent des airs gais de Mikel Etcheverry que tout le monde, même le chauffeur, reprenait en chœur. Quand il nous a dit qu’il partait à l’armée, bé on n’a pas été surpris ! ».
L’intéressé lui-même sera moins loquace, concentré sur ses missions que nous garderons secrètes par souci de sécurité. Il ne cache pas sa joie de rencontrer sous peu le ministre de la Défense qui réveillonnera aux côtés de nos troupes. « Mon capitaine m’a désigné pour faire partie du piquet d’honneur. Je sais que le ministre est breton. Si on peut parler 5 minutes, je lui proposerai d’échanger mon béret rouge de feria contre un bonnet rouge de chez lui ! ».
En tout cas, tout Pissos et même Liposthey où réside sa grand-mère Lucienne, qui lui trouve un faux-air de Christian DARROUY, auront les yeux rivés sur le petit écran dans les jours à venir pour tenter d’apercevoir le chérubin. Retour au pays fin février.
De notre rédaction landaise et de notre envoyé spécial au Tchad, Jean-Paul LACRAMPE