HAGETMAU (40) : Les canards gras étaient gavés à la cocaïne

« Hilh de pute, ils nous ont complètement escagassé le radar ! ». La formule, toute en retenue, de l’adjudant-chef ESTOURNAC, commandant le peloton routier de gendarmerie d’Hagetmau (40) résume à elle seule la surprise de ce dernier devant un fait divers peu banal. C’est en effet un réseau de stupéfiants dont les ramifications sont encore à découvrir qu’un improbable concours de circonstances permettra bientôt de démanteler.

photo-gavage

Les trafiquants avaient gavé les malheureux volatiles avec des substances prohibées

La parole est à la maréchaussée : « Nous avions installé un dispositif sommaire de contrôle de vitesse sur un axe fréquenté du sud de Chalosse » explique l’adjudant-chef, soucieux de ne point trop en dire. « Après quelques vérifications de routine, nous avons vu passer devant nous, à la vitesse de l’éclair et en contresens de la circulation, un vol de quelques canard gras ! Mon adjoint, le petit LACRAMPETTE, a mesuré une vitesse de 145 km/h ! Nous sommes restés espantés quelques instants avant de monter dans l’estafette et de partir à la recherche d’une explication ».

Celle-ci est venue au moment de rattraper un camion transportant des canards gras vivants, élevés dans les Landes et nourris au grain, vers des abattoirs dans la région de Carcassonne. « Après avoir fait signe au chauffeur de s’arrêter, nous avons inspecté la cargaison et remarqué que plusieurs canards semblaient fous comme des lapins et tentaient de s’échapper entre 2 planches qui fermaient la remorque. Ceux que nous avons vus initialement y étaient vraisemblablement parvenus ».

Dubitatifs et inquiets de la santé des volailles surexcitées, les gendarmes ont alors eu recours aux services de Bernard OLAYA, vétérinaire dépêché spécialement par la préfecture, dont l’expertise a permis à nos enquêteurs de circonstance d’assembler les pièces du puzzle. « En tripotant un peu les canards, je me suis rendu compte que des petits sachets de cocaïne avaient été ajoutés au maïs de gavage des pauvres bestioles. Dans leurs malheurs, celles-ci ont eu la chance d’être nourries par des céréales d’une qualité exceptionnelle, vierges de tout additif, qui leur a offert une constitution de fer. Leur métabolisme leur a permis de rester de ce monde et a même décuplé leurs capacités physiques quand quelques sachets ont explosé dans leur estomac ».

La substance prohibée a donc eu seulement l’effet euphorisant après lequel courent bon nombre d’étoiles filantes de la nuit parisienne. Néanmoins, le docteur OLAYA a cru bon de rappeler que seul un mélange miraculeux a permis d’échapper au drame et que l’expérience ne devait connaître aucun lendemain.

La suite de l’enquête, confiée à la brigade avicole de Mont-de-Marsan a donné ses premiers résultats. L’éleveur, stupéfait lui aussi, s’est souvenu avoir embauché quelques saisonniers sud-américains l’été dernier mais ne saurait à ce jour prouver un lien de cause à effet. Le préfet a tenu à rassurer les consommateurs : « Nous ignorons pour le moment depuis combien de temps le trafic fonctionne. Peut-être certains ont-ils trouvé une texture farineuse au foie gras servi pour la Noël ? Quoiqu’il en soit, jusqu’à présent, aucun cas d’intoxication alimentaire n’a été signalé ».

Le vol de canard gras aurait quant à lui été aperçu par des chasseurs dans la région dacquoise. Néanmoins, non avisés par leurs collègues d’HAGETMAU, les gendarmes de SAINT-PAUL, croyant à une mauvaise plaisanterie au moment du témoignage, les ont placés pour 6 heures en cellule de dégrisement. A leur sortie, ceux-ci ont refusé d’aider la gendarmerie plus avant dans ses investigations.

De notre correspondant, André SALLAFRANQUE

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