Un champ de cannabis découvert à Grenade-sur-Adour (40) !

Bernard SENTENAC, brigadier-chef au peloton de gendarmerie départemental de Saint-Pierre du Mont n’en croyait pas ses yeux hier matin. Appelé pour un différend familial dans un foyer de Grenade, son équipe volante a choisi, à l’issue de l’opération, d’aller saluer Gilbert LESPERON, agriculteur voisin bien connu dans le village.

chanvre_modLa surprise fut de taille pour la maréchaussée : « j’ai toqué à la porte à plusieurs reprises mais personne n’est venu nous ouvrir. A cette heure-ci d’habitude, Gilbert nous attend devant le pas de la porte. Il nous offre le café et nous parlons un peu des nouvelles du grand-monde. Il est abonné à Sud ou Est depuis plus de 40 ans, il en sait des choses ! Alors nous avons décidé d’entrer et nous avons trouvé Gilbert et sa femme, Jacqueline, dans le séjour, devant les Feux de l’amour, complètement anesthésiés, un grand sourire aux lèvres tous les deux ».

Il poursuit : « c’est en arrivant dans la cuisine que nous avons trouvé une marmite encore à moitié pleine de daube de sanglier, dont l’odeur nous a mis la puce à l’oreille. Plusieurs feuilles de plantes de cannabis ont été retrouvées sur le plan de travail ». La redoutable machine judiciaire s’est alors mise en branle : Gilbert, hilare, s’est vu contraint de monter dans l’estafette, menottes au poignet. Jacqueline a connu le même sort. Placé en cellule de dégrisement, ce n’est que quelques heures plus tard que le couple a pu donner sa version des faits à monsieur le substitut du procureur du TGI de Mont-de-Marsan.

Gilbert se souvient : « Après un petit roupillon, j’ai recouvré mes esprits. Et là hilh de pute, j’étais entouré de tous les petits à qui j’offre le café d’habitude dont le petit SENTENAC à qui Jacqueline a fait le catéchisme. Alors j’ai demandé que l’on explique ce que je faisais là. J’ai compris que j’avais été berné par Cyril, mon petit-fils, qui est venu l’été dernier en vacances avec un copain dont le père est dans la police. Il est étudiant en histoire de l’art ou quelque chose comme ça, à la capitale (NDLR : Bordeaux). Il s’était intéressé à la culture du maïs et m’avait demandé si je pouvais laisser libre une parcelle de mon champ ».

Si Gilbert avait bien vu pousser des plantes nouvelles sur son lopin, il était loin de penser qu’en confiant arrosoir et sécateur à Cyril, il finirait sous le glaive de Dame Justice. « Hier matin, ma Jacqueline m’a demandé d’aller chercher des herbes pour la daube. Depuis que la dernière épicerie a fermé, il faut que je fasse 15 kilomètres en mobylette jusqu’au Leclerc. Il pleuvait donc j’ai eu l’idée d’aller prélever un peu de la culture du petiot ». C’est ainsi que la famille LESPERON a flirté bien involontairement avec la délinquance.

Le petit Cyril, actuellement en échange Erasmus à Amsterdam, sera convoqué à son retour, sa culture domestique ayant été par ailleurs détruite. Le dernier mot revient à Gilbert : « ça m’a mis un coup sur le casque cette histoire. Mais jamais daube de sanglier ne m’a autant soulagé de mes rhumatismes. J’étais euphorique, ça m’a rappelé le jour, juste après la Libération, où on avait piqué un paquet de Gitanes maïs au père DELPEYRAT. On avait fumé en cachette derrière l’église, je vous dis pas dans quel état on était, macaréou ! ».

Drame de la désertification du milieu rural, usage thérapeutique éventuel du cannabis, dialogue entre les générations … Ce dossier augure bien des questions sociétales qui vont animer l’année 2014.

De notre correspondant, André SALLAFRANQUE

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