Installée depuis bientôt 30 ans dans le quartier de Bacalan, la famille PINTO a bien cru sa dernière heure arrivée hier après-midi lorsque leur barque s’est renversée au pied du pont d’Aquitaine. Joao, le patriarche, n’en croyait pas ses yeux : « Caraï ! On aurait pu y rechter chans l’aide de la poliche ! ».
Le brigadier-chef GAÜZERE, adjoint au commandant de la brigade fluviale Dordogne / Garonne, revient pour nous sur les circonstances de cet improbable sauvetage : « Depuis que la mairie et la métropole ont décidé de densifier l’habitat au Nord de la ville, dans le quartier des Bassins à flots et Bacalan, hilh de pute c’est un véritable exode. Toutes les familles qui vivaient ici vendent leur maison mais ne peuvent pas racheter un appartement dans le coin. Alors on les voit quitter la rive gauche, désespérées, dans des embarcations de fortune, pour rejoindre la rive droite où la vie est encore abordable ».
Longtemps propriétaires du bar-tabac-restaurant O Bacalao de Lisboa qui faisait la fierté des Bassins à flots, les PINTO ont fini, face à la disparition progressive de la clientèle, par céder leur fonds de commerce. Adieu donc le délicat fumet des cataplanas aux fruits de mers de Roberta, la généreuse patronne.
Edouard, le jeune ingénieur agronome francilien fraîchement installé a quitté un poste confortable chez Danone pour ouvrir un commerce qui, selon lui, « fait sens ». Les nouveaux habitants se régalent désormais de steaks de soja sans gluten et autres jus de rutabaga « à la mamie Marcelle » servis dans des gobelets de balsa 100% recyclables.
Pour prévenir tout danger à l’avenir, la mairie a voté une enveloppe exceptionnelle destinée au renforcement des patrouilles.
De notre envoyé spécial, ANDRE SALLAFRANQUE
C’est ce que l’on appelle “coller à l’actualité”!