Malgré tous les projets proposés jusque-là, le destin du futur ex-stade du FC Girondins de Bordeaux reste des plus incertains. La seule certitude semble être la survie de l’enceinte vieille de trois-quarts de siècle, puisque Alain Juppé maintient sa position, refusant tout projet impliquant la destruction de cet « édifice patrimonial ». Aucun des 300 architectes ayant répondu à l’appel à projet n’a pourtant réussi totalement à convaincre, alors que le nouveau stade doit être livré en 2015. Sud ou Est vous livre en exclusivité les trois projets actuellement les plus convaincants et qualifiés pour la « finale »:
Un projet de parking géant est proposé par M.Chombier, pour le compte de l’entreprise Vinçage. Il s’agirait de conserver l’enceinte actuelle en construisant, à l’intérieur et sous la pelouse de l’équipe au scapulaire, une trentaine de niveaux en tout, en prévoyant quatre accès (boulevard du Maréchal Leclerc, rue Albert Thomas, rue Léo Saignat, Place David Johnston). L’équipe de M.Chombier envisage différents abonnements, correspondant aux différentes entrées (les tarifs les plus élevés pour le parking « présidentiel », entrée place D. Johnston). Si le projet était validé, il serait vraisemblablement financé en PPPP, partenariat public privé particulier, la CUB avançant 90% du financement, mais Vinçage récupérant en contre-partie l’exploitation du site pour 99 ans reconductibles. « Le gros avantage, avance Patrick Péjaud, qui préside l’équipe examinant les projets, c’est à la fois la capacité hors du commun que nous proposerait ce parking de 4000, peut-être 8000 places, et la multiplicité des abonnements, particulièrement bien adaptée à la diversité sociale des potentiels clients : tarif étudiant pour la partie de l’actuel virage sud, en face de l’université; tarif haut de gamme pour la partie présidentielle, avec des places plus larges, une vidéo-surveillance high-tech et un espace bar-lounge dans les plus belles loges du stade, conservées en l’état ». Une passerelle piétonne aérienne serait également envisagée pour relier le parking au CHU, dont le parking est déjà depuis longtemps saturé.
Un HUB multimodal, proposé par l’équipe Archi-Futur. Celle-ci envisage un projet sur trois niveaux : gare de bus-tramway géante au sous-sol, gare V-CUB géante au rez-de-chaussée et au 1er niveau. Le projet semble être « le plus fidèle à l’héritage patrimonial », selon un Patrick Péjaud visiblement séduit par l’idée de résurrection de la piste de l’ancien vélodrome.
« On pourrait piquer un petit sprint autour du parc à vélos avant de se garer, au son des bravos de la foule crachés par des hauts-parleurs! Avouez que c’est génial! ». Didier Radoube, directeur du cabinet Archi-Futur.
Archi-Futur prétend en effet avoir déjà acheté et remasterisé les archives sonores de l’ancien vélodrome.
Bio-Chaban. Si ces deux projets sont des plus séduisants, ils ont l’inconvénient commun de poser à nouveau l’épineuse question de l’intensité des flux dans le quartier, qui se pensait bientôt débarrassé des embouteillages auxquels les soirs de match l’avaient habitué. Le troisième projet, proposé par l’équipe béarno-danoise du Cabinet UrbanDream$, pourrait offrir une alternative « développement durable ». « Osons un éco-quartier modèle dans l’enceinte Chaban », assène avec conviction le dynamique trentenaire Hang Olufsen. Habitat durable, récupération des eaux, panneaux solaires sur les toits actuels du stade, conservation de l’actuel espace vert central coupé en deux zones, avec une zone « jardin potager » et une autre laissée en friche, mais auto-entretenue par deux ou trois moutons… De la récupération des déjections ovines à l’utilisation de la laine pour l’entretien de l’isolation des habitats, Hang Olufsen a déjà pensé jusqu’au moindre détail. « Ce quartier Bio-Chaban sera producteur d’énergie, et capable même rapidement d’alimenter le CHU pour le chauffage et l’électricité ».
On voit donc bien que le stade septuagénaire a encore de beaux jours devant lui !
Jean-Robert Digueduc