L’appareil judiciaire dans la tourmente : l’affaire Léon DABADIE, “le Viandard de GABARRET”

Le verdict du procès de la récidive n’est pas pour demain. La surpopulation carcérale et la clémence, que d’aucuns qualifieront de légèreté, de certains magistrats président en effet à des décisions de justice sinon contestables, à tous le moins contestées. Si les cas de violeurs réitérant leurs méfaits occupent logiquement le devant de la scène nationale, il convient de souligner que notre région paie un lourd écot, celui d’une criminalité peu visible mais ô combien porteuse d’un sentiment d’insécurité.

 

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Léon DABADIE dans ses œuvres (image Monique)

L’ouverture du procès de Léon DABADIE cette semaine au Tribunal de Grande Instance de Dax (la Cour de Cassation, redoutant une flambée de violence ayant choisi de dépayser une affaire initialement destinée à la justice montoise) est l’occasion de revenir sur ce phénomène récurrent, celui du vol de poules, qui traumatise bon nombre d’éleveurs du pays.

DABADIE en aurait dérobé une quinzaine au cours des années 90 et 2000 ; ces insupportables rapines opérées dans des fermes en plein cœur du bocage de Roquefort (40) lui ayant valu d’être affublé du peu enviable sobriquet de Viandard de Gabarret. Si aucun cadavre n’a jamais été retrouvé, les experts psychiatres ne s’y sont probablement pas trompés en dépeignant le portrait d’un tueur glacial, capable de mettre un poulailler à feu et à sang un samedi soir pour apaiser son insatiable appétit.

Revenons un instant sur le parcours de ce Francis HEAULME des basses-cours. Il commet son premier forfait à l’âge de 54 ans, en 1999. Fraîchement licencié d’une conserverie de légumes rachetée par un fonds d’investissement californien, Léon sombre dans la dépression et, peu au fait des démarches à satisfaire, se retrouve rapidement sans le sou. Un matin, un paysan d’ESCALANS le surprend, un gallinacé dans chaque main, tentant de prendre la poudre d’escampette par le chemin vicinal qui rejoint la rue Armagnac. La chancellerie se contentera alors d’un rappel à la loi.

Fragilisé par la précarité et le départ de sa compagne, Monique, qui lui déclare sa double vie avec le secrétaire de mairie, le Viandard récidive en 2006 puis en 2012, date d’un nouveau procès au cours duquel il confessera des rapts jusqu’alors non élucidés, perpétrés sous l’empire d’un état alcoolique. Les injonctions du Ministère Amer appelant au sacrifice de poulet, dans une cassette audio empruntée à son petit-neveu Brian, n’y sont peut-être pas étrangères (NDLR : après vérification, il semblerait que le différend oppose plus le groupe dionysien à la maréchaussée qu’à nos tendres volatils). La droiture du président du TGI, qui n’a pas prêté l’oreille à de prétendues circonstances atténuantes, et le mécanisme des peines planchers porté par Rachida DATI peu après son installation dans le maroquin ministériel, vaudra une condamnation à 5 ans de prison fermes à Léon DABADIE. Se plaignant d’un voisin de cellule trop bruyant à la maison d’arrêt de GRADIGNAN, il sera même transféré à la centrale de CLAIRVAUX pour y connaître l’austérité du QHS.

Maître LESPINASSE, défendant les intérêts de DABADIE, ayant fait appel d’une condamnation qu’il juge outrancière, il reviendra à la justice de trancher de nouveau et de répondre à une question taraudant les plus grands spécialistes : tous les criminels sont-ils ré-insérables ?

 

 

Une marche blanche organisée dimanche à Gabarret


Face à l’indicible, les parties civiles, représentées par maître COLLARD, en appellent à la plus grande sévérité.

La réouverture du dossier faisant craindre les pires débordements au nouveau directeur de cabinet du préfet, ancien directeur départemental de la sécurité publique d’une Lozère (48) qui connut jadis les carnages de la bête du Gévaudan, plusieurs initiatives ont été prises par la mairie.

Une cellule d’assistance psychologique et un numéro vert (0.800.40.40.40) ont été mis à disposition des proches des victimes de DABADIE. Certains d’entre eux ont même appelé à une marche blanche au départ de la place de l’Eglise de GABARRET dimanche prochain à 14h (le loto organisé par l’amicale des chasseurs de palombes est, en signe de solidarité, annulé).

DESMOULINS avait coutume de dire « quand on ne fait pas justice au peuple, le peuple finit par se faire justice lui-même ». Seule la prise de conscience par la puissance publique de ses responsabilité semble en mesure de limiter la probabilité de survenance de cette bien funeste hypothèse.

 

De notre correspondant, André SALLAFRANQUE

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